L’apocalypse des sexes
- Prince Charles-Philippe d'Orléans
- il y a 3 jours
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La SNCF bannit « Monsieur » et « Madame ». Le Conseil d’État invoque « l’évolution de l’identité de genre ». Et demain ? L’effacement pur et simple de l’homme et de la femme de notre langage commun. Ce n’est pas un débat anecdotique : c’est le cœur même de notre civilisation qui vacille. Défendre « Monsieur » et « Madame », c’est défendre le bon sens, la science et l’humanité telle qu’elle est.
Il est des séquences qui donnent à voir, mieux que de longs discours, la dérive dans laquelle nous glissons. Dans une récente vidéo (voir ci-dessous), un « personnage » – puisque l’on n’a plus le droit de dire un homme ou une femme – crie au scandale car il ne trouve pas de toilettes dignes de lui au musée du Louvre. Il explique ne pas être « humain », il a pourtant un pénis avoue-t-il, mais il se définit comme « non-binaire ascendant X » : comprenez ascendant tracteur, béton ou musée. Bonne nouvelle pour le Louvre : il refuse d’être « ascendant musée du Louvre ». Nous voilà rassurés.
Chacun est libre de se rêver autre que ce qu’il est. Si l’on veut se penser cheval camarguais, camion-benne ou piscine municipale, grand bien nous fasse. Mais faut-il que toute la société se plie à ces fantasmes ? Certainement pas. Car la réalité, elle, demeure : sur Terre, il n’existe que deux sexes, nous sommes binaires, XX ou XY. C’est biologique, médical, scientifique : on est homme ou femme. Point final. Ce n’est pas une opinion ; c’est un fait.
En suivant cette logique de fragmentation identitaire, pourquoi ne pas créer des toilettes pour noirs – triste souvenir d’une Amérique ségrégationniste ou de l’apartheid en Afrique du Sud –, pour blancs, pour asiatiques, pour obèses, pour chauves ou pour myopes ? Et si l’on passe du biologique aux croyances personnelles, pourquoi pas des toilettes pour juifs, pour orthodoxes, pour bouddhistes, pour gauchers contrariés ou pour ceux qui se croient plus intelligents que les autres ?
La liberté individuelle s’arrête là où commence la cohésion collective. Une société qui adapte son langage, ses formulaires et ses règles de vie communes à la subjectivité de chacun devient ingouvernable. Elle se dissout en une mosaïque d’identités mouvantes où plus rien ne rassemble.
La dérive est sans fin. Et voici que, sur injonction du Conseil d’État, la SNCF n’a plus le droit d’utiliser « Monsieur » ou « Madame » dans ses courriers. Motif : « meilleure prise en compte des évolutions de l’identité de genre ». Sérieusement ? Dans quel monde vivons-nous ? Que ceux qui doutent de l’existence du binaire sexuel aillent voir un médecin : ils sauront de quel sexe ils sont.
Le problème n’est pas que certains se prennent pour des vaches laitières savoyardes ou des pigeons parisiens. Libre à eux. Le problème est qu’ils exigent de la société entière qu’elle valide cette fiction personnelle, qu’elle modifie sa langue, ses institutions, ses services publics pour se conformer à leur ressenti.
Or le langage n’est pas neutre : il façonne la pensée. En effaçant les mots qui désignent l’homme et la femme, on efface la reconnaissance publique de leur existence. Demain, ce seront les formulaires d’état civil, les manuels scolaires, puis le droit lui-même qui perdront cette distinction. Nous parlons de l’ossature même de notre civilisation.
Il ne s’agit pas d’exclure qui que ce soit, ni de nier des parcours de vie personnels. Il s’agit de rappeler que la langue est un bien commun, façonné par des siècles d’histoire, garant de la clarté de nos rapports sociaux. La remplacer par un lexique flou, soumis aux revendications minoritaires, c’est rompre le fil qui nous relie à notre culture et à notre bon sens.
Exigeons à nos responsables politiques que l’usage de « Monsieur » et « Madame » soit réaffirmé ; exigeons que la loi protège le droit d’employer les mots « homme » et « femme » dans la vie publique ; exigeons que la France reste fidèle à sa langue, à son héritage et à la vérité du réel.
On ne joue pas impunément avec les mots. En les perdant, c’est notre monde que l’on défigure. Que 99 % de la population se soumettent en silence à ces 1 % de minorité militante est intolérable*. Défendre « Monsieur » et « Madame », ce n’est pas défendre une formule désuète : c’est défendre l’humanité telle qu’elle est, et non telle que certains voudraient la réinventer.
La tolérance, oui. La soumission, jamais.
Prince Charles-Philippe d’Orléans
* Selon une enquête Ipsos « LGBT+ Pride 2023 », environ 1 % de la population française se dit non binaire ou gender-fluid. Le site Trajectoires Jeunes Trans, dit que ce taux est de 0,33 % de la population.