La République trahit ses enfants
- Prince Charles-Philippe d'Orléans
- il y a 4 jours
- 3 min de lecture

La grandeur d’un pays se mesure à la manière dont il traite ses enfants. En France, cette noble maxime n’est plus qu’un vestige oublié. L’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), censée incarner le rempart protecteur de notre jeunesse la plus vulnérable, est aujourd’hui le miroir brisé d’un État démissionnaire. Ce qui devait être un refuge est devenu, pour beaucoup, une fabrique silencieuse de détresse, d’errance et d’injustice.
Un chiffre glaçant devrait suffire à nous réveiller : un sans-abri sur quatre, âgé de moins de 25 ans, est passé par l’ASE. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment un système conçu pour protéger en vient-il à produire précisément la précarité qu’il devait prévenir ? La réponse est brutale, mais nécessaire : nous avons abandonné notre jeunesse.
Les rapports officiels s’empilent, les témoignages s’accumulent, les cris d’alerte résonnent… dans le vide. L’ASE manque de tout : de moyens, de personnel, de vision. Des éducateurs surchargés, parfois contraints de suivre quarante enfants à la fois, tentent de maintenir à flot un système à bout de souffle. Comment espérer, dans de telles conditions, créer un lien de confiance, écouter, rassurer, encadrer ? Le suivi devient administratif, impersonnel, presque mécanique — alors qu’il devrait être profondément humain, stable et attentif.
Les conséquences, hélas, sont accablantes. Faute de structures dignes, des enfants sont placés à l’hôtel, dans des chambres froides et impersonnelles, parfois durant des mois. Pire : certains sont confiés à des familles non agréées, ou abandonnés à eux-mêmes dans des foyers non contrôlés où sévissent violences, viols, trafics, abus psychologiques. Une République peut-elle tolérer cela ? En son nom, sur son sol, avec ses deniers publics ?
Ces enfants ne sont pas invisibles. Ils sont simplement ignorés.
Puis vient la majorité. Le couperet tombe : fin du soutien, fin de l’hébergement, fin du suivi. Beaucoup sont précipités dans le vide, sans diplôme, sans repères, sans espoir. On les appelle alors « jeunes majeurs » — il faudrait dire plutôt « majeurs précaires », « majeurs sacrifiés ». Comment ne pas sombrer quand on n’a connu que l’instabilité, l’abandon, l’errance ? La République a trahi le contrat moral qu’elle avait passé avec eux.
Agiter les grands mots — « protection de l’enfance », « droits de l’enfant » — ne suffit pas. Les journées de sensibilisation, les circulaires creuses et les promesses sans lendemain ne tiennent plus lieu d’action. Il faut des réformes structurelles, une revalorisation urgente des métiers du social, une politique de placement digne, rigoureuse, humaine, un véritable accompagnement vers l’âge adulte — et au-delà. Il faut surtout une stratégie nationale sincère, ambitieuse, fondée non sur la gestion de l’urgence, mais sur une vision de long terme.
La jeunesse n’est pas un problème à contenir, elle est la solution à inventer.
Nous savons comment tout cela commence : par la négligence, l’inaction, les arbitrages budgétaires cyniques. Et nous savons comment cela finit : dans la rue, les prisons, les services psychiatriques. Ce drame silencieux d’aujourd’hui deviendra le scandale d’État de demain, si nous persistons à détourner le regard.
En maltraitant ses enfants, la France se trahit elle-même. Elle engendre une jeunesse blessée, défiant toute autorité, se défiant d’un monde qui l’a trahie trop tôt. Une jeunesse écœurée par les institutions, qui n’attend plus rien de la République ni de ses promesses. Comment bâtir une société apaisée, juste et solidaire, lorsque tant d’enfants apprennent dès l’enfance que l’abandon est la règle, et l’injustice, la norme ?
Il est temps d’ouvrir les yeux, de cesser de feindre l’ignorance. Il est temps d’agir. Il est temps de réparer le pacte républicain et de redonner chair et sens à la promesse française.
Une nation qui trahit ses enfants se condamne elle-même à l’échec.
Prince Charles-Philippe d’Orléans
Très beau texte !
Monseigneur,
Drogi Charles - Philippe, Twój apel dotyczący sytuacji dzieci bezdomnych we Francji bardzo mnie porószył. Ta sytuacja, którą tak wnikliwie opisałeś jest aktualna też w innych krajach Europy a przede wszystkim Afryki. Ostatnio będąc na misjach charytatywnych na Cabo Verde zająłem się tą problematyką. Moja organizacja Fundacja Polski Korpus Pokoju zaczęła finansować projekty dotyczące opieki bezpośredniej nad bezdomną młodzieżą i ubogimi dziećmi. Uruchomiliśmy specjalny fundusz na finansowanie pobytu w przedszkolach najbiedniejszych dzieci z wyspy St Nicolau. Na wyspie St Antau uruchomiliśmy finansowanie dowozu dzieci do szkół z 264 wsi (co stanowi 60 % budżetu wyspy). Pracujemy obecnie nad uruchomieniem funduszu na organizację profilaktyki i leczenia dzieci zagrożonych i chorych na malarię w Ugandzie (dziennie umiera tam około 1000 dzieci…
Monseigneur,
Votre appel émouvant est vital: la caractéristique d'une civilisation tient dans le respect des enfants.
Je vous revois avec ces enfants éthiopiens dans les bras que vous étiez aller sauver de la déshydratation en Ethiopie: votre voix est d'autant plus forte que vous mettez en conformité votre
action et vos convictions.
Merci Charles-Philippe de cette appel criant pour une cause que je connais bien.
Dans ma vie de bénévole caritatif, je me suis personnellement engagé dans des structures qui touchaient à l'enfance en grandes difficultés. Je ne peux que partager cette terrible constatation. J'encourages les plus jeunes à rejoindre les différents organismes qui de façon ni politiques ni confessionnelle s'occupent de secourir cette génération sacrifié.
Il est vrai que ces enfants ne seront jamais des électeurs, ils seront morts dans la misère financière, familiale, sociale ou physique, avant d'en atteindre l'âge, au mépris de tous et dans la plus grande indifférence!!!
Il y a à faire, selon les moyens de chacun, temps, disponibilité, affectif......
Personne ne doit se sentir écarté. Je…
Cher Charles Philippe,
Superbe texte !
Quelle tristesse et quel désarroi de voir notre pays sombrer dans l'oubli.
L'oubli de notre histoire , de nos racines et de veiller à construire un avenir pour nos enfants.
La seule temporalité qui compte est celle de l'immediateté.
Espérons et agissons pour un réveil.