Nul ne devrait devenir français sans connaitre l’histoire de France
- Prince Charles-Philippe d'Orléans
- il y a 6 jours
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Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Il est temps de le dire avec clarté : le principe d’assimilation dans le processus de naturalisation est devenu un mot creux. On s’assure à peine que les candidats parlent un français élémentaire, connaissent quelques grandes dates, et récitent les valeurs de la République comme on récite une leçon sans en saisir la substance. Or, devenir Français, ce n’est pas seulement obtenir un passeport : c’est entrer dans une histoire, épouser une mémoire, s’inscrire dans une continuité culturelle et politique pluriséculaire.
Aujourd’hui, trop de demandeurs de nationalité ignorent tout ou presque de l’histoire de France. Et ce n’est pas leur faute : rien ne leur est véritablement transmis, ni au moment de leur arrivée, ni au cours du parcours d’intégration, ni même lors de l’entretien de naturalisation. On leur parle de Marianne, mais on ne leur dit rien de Saint Louis. On leur apprend la Déclaration des droits de l’homme, sans jamais leur raconter d’où vient l’État français ni comment il s’est forgé. On leur impose un examen de langue, mais pas un dialogue avec la nation. Ce vide éducatif est un renoncement.
Or la France ne commence pas en 1789. Elle prend racine bien plus tôt, dans une construction patiente, douloureuse parfois, forgée par les siècles, les guerres, les alliances, les lois et les rois. L’unité française, l’autorité publique, l’idée même d’intérêt général — ces piliers de notre République — viennent du creuset monarchique capétien. De Hugues Capet à Henri IV, de Philippe Auguste à Louis XIV, les Capétiens ont donné à la France ses contours, ses institutions, son identité. On ne peut comprendre la République sans connaître la royauté qui l’a précédée.
Il ne s’agit pas de glorifier la monarchie, mais de reconnaître que la République elle-même hérite de cette histoire. Je ne parle donc pas ici d’enseigner une nostalgie, mais de transmettre un héritage, celui d’une nation millénaire dont l’histoire constitue le premier ciment. Il n’est pas acceptable que quelqu’un puisse devenir Français sans jamais avoir entendu les noms de Clovis, de Jeanne d’Arc ou de Richelieu. Ce serait comme recevoir un nom de famille sans en connaître l’histoire.
En tant que membre de la maison capétienne, je revendique un devoir de transmission. À travers le Prix Hugues Capet, que j’ai l’honneur de présider avec mon épouse, la Princesse Naomi, nous récompensons chaque année des ouvrages qui font vivre la mémoire de France, qui éclairent le présent par le passé. Cette mission ne devrait pas être celle de quelques passionnés ou historiens isolés. Elle devrait être celle de l’État tout entier.
Il est absurde que l’on puisse devenir Français sans jamais avoir entendu les noms de Clovis, de Jeanne d’Arc, de Philippe le Bel ou de Louis XVI. Je plaide pour une République enracinée. Une République consciente de son histoire, qui transmette cette mémoire à ceux qui la rejoignent. Je propose donc une réforme ambitieuse : que l’histoire de France, en particulier celle de la monarchie capétienne, soit intégrée au parcours de naturalisation, sous la forme de modules pédagogiques accessibles, traduits, illustrés, mais exigeants. Pas pour faire passer un examen, mais pour faire entrer dans une mémoire collective. Que l’on demande à chaque candidat non seulement d’aimer la France, mais d’en comprendre le récit. Que l’on exige non seulement une adhésion administrative, mais une adhésion historique et culturelle.
Car une nation n’est pas une simple juxtaposition d’individus : c’est une communauté de mémoire, de valeurs et de destin. Et cette mémoire, nul ne devrait pouvoir y entrer sans en franchir la porte avec respect et conscience.
La France n’est pas née d’hier. Elle ne vivra pas demain sans mémoire.
Prince Charles-Philippe d’Orléans
Limpide
Vice la France !