Rendre sa voix au passé : la France mérite mieux que l’oubli
- Prince Charles-Philippe d'Orléans
- il y a 2 jours
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Il y a des voyages qui éclairent le regard, des séjours qui agissent comme un miroir. La semaine dernière, j’étais en Bavière. Dans cette région d’Allemagne, j’ai vu flotter le drapeau blanc et bleu jusque sur les balcons des maisons les plus modestes. J’y ai vu des enfants marcher fièrement dans les rues en lederhosen et dirndl, chanter les chants d’antan, apprendre par cœur les histoires de leurs ancêtres. J’ai vu des familles se réunir pour des fêtes populaires où l’on célèbre le terroir, les coutumes, les visages du passé. La leçon est claire : l’enracinement n’est pas un frein à la modernité, il en est le socle.
Car loin d’être enfermée dans la nostalgie, la Bavière est aujourd’hui la région la plus prospère d’Allemagne. Elle n’a pas peur de conjuguer enracinement et modernité. Elle prouve qu’on peut être à la fois fidèle à ses traditions et résolument tourné vers l’avenir. Elle nous tend ce miroir, à nous Français, et ce qu’elle nous renvoie est troublant.
Pourquoi en France avons-nous tant de mal à aimer notre propre histoire ? Pourquoi ce malaise, cette gêne, ce silence parfois honteux lorsqu’il s’agit de notre passé ? Pourquoi cette amnésie organisée, cette peur de paraître réactionnaire ou conservateur dès lors qu’on ose parler d’héritage, de transmission ou de fierté nationale ?
Le général de Gaulle l’avait parfaitement exprimé : « Un peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité. » Or, aujourd’hui, notre identité est mise en péril, non par nos adversaires extérieurs, mais par notre propre renoncement.
Je ne parle pas ici d’une nostalgie figée ou d’un rejet du progrès. Je parle de ce lien invisible mais vital qui nous relie à ceux qui nous ont précédés. Je parle de cette mémoire commune qui forge une identité, un peuple, une nation. Je parle de la France, cette patrie dont l’histoire est une des plus riches, des plus fécondes, des plus admirées au monde.
Nos cathédrales, nos musées, nos campagnes, nos institutions, nos langues régionales, notre gastronomie, nos paysages façonnés par des siècles d’effort, tout cela témoigne d’un héritage incomparable. Et pourtant, que faisons-nous pour le défendre, pour le transmettre, pour en être dignes ?
En reniant le passé, nous perdons nos repères. En effaçant les symboles, nous affaiblissons les consciences. En coupant les racines, nous laissons l’arbre se dessécher.
Les Capétiens, mes ancêtres, ont bâti la France pierre à pierre, génération après génération. Leur souci constant était de transmettre, de stabiliser, de faire fructifier. Ils savaient que le temps long, celui de l’histoire, donne sens à l’action. Et ils savaient aussi que l’État ne peut être fort que s’il repose sur une mémoire partagée.
Aujourd’hui nos gouvernants et nos politiques, qui devraient être les gardiens de cette mémoire, semblent trop souvent en être les fossoyeurs. On réécrit l’histoire à coups de repentances sélectives, on débaptise, on déboulonne, on gomme. Récemment encore, à Nice, certains ont tenté de faire disparaître la statue de Jeanne d’Arc, figure pourtant universelle de courage et de résistance. Face à l’indignation populaire, ce projet a été abandonné — preuve que la mémoire nationale vit encore dans le cœur du peuple, même lorsque les élites veulent l’effacer. On refuse de transmettre à nos enfants la beauté de ce que nous avons reçu. Et, ce faisant, on les prive de leur force la plus intime : l’amour de leur pays.
Être fier d’être français, ce n’est pas nier les erreurs de notre passé, c’est savoir que ce passé contient des trésors de courage, de création, de grandeur. C’est se reconnaître dans Clovis à Reims, dans Saint Louis sous son chêne, dans Jeanne d’Arc à Orléans, dans Louis XIV à Versailles, dans les poilus de la Grande Guerre, dans les résistants de l’ombre.
Être fier d’être français, c’est aimer cette langue, ce génie littéraire, cet art de vivre, ce goût du panache, cette noblesse d’âme que tant d’autres nous envient.
Alors oui, il est temps de dire haut et fort que nous aimons la France. Que nous aimons son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses valeurs. Que nous n’avons pas à rougir d’où nous venons. Que, bien au contraire, c’est en regardant vers nos racines que nous pourrons retrouver notre élan.
La mémoire n’est pas une charge, elle est une chance. À nous de la faire vivre, de la porter, de la transmettre. Car un peuple qui n’honore plus ses morts, ses bâtisseurs, ses héros, est un peuple qui se condamne à errer sans boussole.
À ceux qui nous traitent de passéistes, répondons que l’avenir appartient à ceux qui savent d’où ils viennent. Et que la France, pour redevenir elle-même, doit d’abord se souvenir.
Prince Charles-Philippe d’Orléans
Le problème de notre époque en France c'est qu'il y a une partie des français qui sont passionnés par notre passé : les rois, les monuments...
Et ceux qui ne s'y intéressent pas beaucoup ! Mais c'est la faute à qui ? L'enseignement de la République Française ? ....
C'est sûr que la Bavière, malgré qu'elle ne soit plus une monarchie , a gardé des valeurs que nous n'avons plus ... hélas.
L'article devrait être envoyé au ministre de l'éducation !!
Monseigneur,
La culture d'une nation vit dans le cœur et l'âme de ses habitants. Bordée par l'océan Atlantique et la mer Méditerranée, les Alpes et les Pyrénées, la France a longtemps servi de pont géographique, économique et linguistique reliant l'Europe du Nord et l'Europe du Sud. Elle est le premier producteur agricole d'Europe et l'une des premières puissances industrielles mondiales.
Rappelons que la France est l'une des plus anciennes nations du monde ; ses influences profondes et étendues ont fait de la France un leader mondial à travers l’histoire dans presque tous les domaines de la culture, y compris la cuisine, la viticulture, la politique, la philosophie, la musique, l’art, le cinéma, la mode, la littérature et les…
Bien dit Monseigneur!
Notre France est atteinte de mil maux… engendrés par des hommes et des femmes qui veulent nous convaincre que se sont des élites… le corps des dirigeants est malade et en conséquence le peuple est en souffrance… seul le citoyen doté d'un mental, d'une âme élevée est en capacité de forger un avenir lumineux pour notre France… M. G.P. G