Nous vivons dans une société qui propage des valeurs essentiellement matérialistes et individualistes. La télévision est pleine de jeux où on fait gagner de l'argent sans effort, et de la célébrité sans talent en quelques mois. Elle est pleine de films parlant de richesse, de sportifs millionnaires, d'histoire de « people » riches et immoraux, d'entreprises capitalistes prêtes à faire du profit sur le dos de leurs salariés et des consommateurs. Il est bien plus question de loisirs que de travail, de beauté et culte du corps que de comportements altruistes.
Déjà en 1932 Bergson écrivait dans : « Jamais l'humanité n'a été plus assoiffée de plaisir, de luxe et de richesse. Une force irrésistible semble la pousser de plus en plus violemment à la satisfaction de ses désirs les plus grossiers. » C'est le constat d’une société de plus en plus riche mais pas plus heureuse.
A l'école l'individualisme règne en maître depuis que l'Éducation nationale met « l'élève au centre » et développe sa personnalité et l'affirmation de soi au détriment de l'effort. Pour les Français formés depuis, c'est le triomphe du « moi d'abord » où chacun refuse de se sacrifier pour les autres.
De nos jours, chez la plupart des gens, matérialisme et individualisme ont remplacé d’autres idéaux aujourd’hui considérés comme ringards. Il n'y a presque plus personne qui soit prêt à se donner du mal pour la France, à sacrifier un peu de son confort ou de son argent pour une cause nationale. Chacun veut tirer le maximum de l'État, c'est-à-dire de la collectivité : le maximum d'avantages sociaux, de remboursements maladie, de retraites. On attend de l'État qu'il protège contre tout, qu'il crée des emplois aidés, qu'il permette aux chômeurs de refuser des emplois pour continuer à vivre aux crochets de la collectivité, qu'il fournisse de l'électricité, du gaz et de l'essence en dessous de leur coût. Nous sommes dans le règne du : « moi d'abord, les autres après ».
Un matérialiste croyant que les actes de l'homme sont conséquences de phénomènes physicochimiques 100 % matériels n'a aucune raison d'avoir un comportement moral ; il ne croit pas à une récompense dans une vie après la mort et ne voit pas de raison de sacrifier son intérêt à celui des autres.
Avec l'absence de valeurs morales propagée par notre société, aucun effort n'a de sens en dehors du profit personnel ; les valeurs traditionnelles d'honnêteté, de travail, de vérité et d'altruisme n'ont plus cours. Et de plus en plus de personnes ressentent un vide et une perte de sens face à la vie. Certaines se réfugient dans des religions parallèles, d'autres dans la drogue ou l'alcool, et d'autres encore dans le suicide.
Au lieu d'enrôler les jeunes désœuvrés des banlieues dans des actions collectives comme la rénovation urbaine, l’aide aux personnes handicapées, la reconstruction de monuments anciens ou le soutien aux personnes âgées par exemple, les associations subventionnées préfèrent leur proposer des activités sportives, qui les occupent mais ne mènent à rien.
Et il ne se trouve malheureusement aucun politicien pour proposer à cette société perdue des actions qui leur permettent de retrouver de la valeur à leurs propres yeux en se rendant utiles et généreux.
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